Michael Haneke
Michael Haneke est un scénariste et réalisateur autrichien né en 1942. Il a tourné onze films depuis 1989, et a reçu de nombreuses distinctions. Son œuvre à la fois originale et profonde fait de lui l’un des cinéastes les plus marquants de sa génération.
Des premiers pas discrets
Né le 23 mars 1942 à Munich, Michael Haneke est fils de comédiens. Il a grandi dans la banlieue de Vienne, et a étudié la philosophie et la psychologie dans la capitale autrichienne. Après des débuts comme critique de cinéma, il a mis en scène plusieurs drames du répertoire classique. Il est devenu réalisateur à partir de 1973, d’abord pour la télévision. Son premier film sorti en salle, Le Septième Continent, ne sera distribué qu’en 1989. Haneke, alors, a déjà quarante-sept ans ! Son audience ne cessera ensuite de s’élargir, de Benny’s video au Ruban blanc en passant par Funny Games, La Pianiste ou Caché.
Photo Georges Biard, sous licence Creative Commons
Une filmographie reconnue
Michael Haneke est un cinéaste des profondeurs, au sens où l’on dit de Dostoïevski ou Kafka qu’ils sont des écrivains des profondeurs. Le fait qu’il ait étudié à Vienne, la ville où est née la psychanalyse, n’est pas anodin : Haneke s’intéresse à ce que nous cachons, ce que nous taisons, ce que nous préférerions ne jamais nous avouer. Les trois premiers films du cinéaste – Le Septième Continent, Benny’s video et 71 Fragments d’une chronologie au hasard – composent ce qu’il a appelé sa « Trilogie sur la glaciation émotionnelle ». Violence aveugle et refoulée, rôle majeur et néfaste des images, conflit entre réalité et représentation : ces thèmes, qui innerveront toute la filmographie à venir, sont traités magistralement dès cette trilogie.
Il faudra cependant attendre le début des années 2000 pour voir Haneke accéder à une plus large reconnaissance. En 2001, il remporte le Grand Prix du Jury, à Cannes, pour La Pianiste (avec Isabelle Huppert et Benoît Magimel). Caché lui vaut le Prix de la mise en scène, en 2005, et il obtient la Palme d’or en 2009 pour Le Ruban blanc (film pour lequel il décrochera également une nomination aux Oscars, ainsi que le Golden Globe du meilleur film étranger, en 2010).
Un univers violent, âpre et singulier
Haneke fait partie de ces cinéastes, comme l’Américain David Lynch ou le Français Bruno Dumont, dont il est banal, mais non exagéré, de dire qu’ils ont « leur » univers. On les reconnaît certes à leur style, à leurs motifs de prédilection, à leurs obsessions, mais au-delà de ces traits, on est confronté dans leurs films à une vision du monde particulière, indiscutable et troublante. Celle de Haneke, glaçante à bien des égards, est d’une singulière puissance. Comme il le disait lui-même à la sortie de son film Funny Games, Haneke fait tout pour installer le spectateur dans la position inconfortable du témoin. En cela réside, plus que dans le traitement de la violence elle-même, la grande originalité de ses films.